La pollution de l’air… pas juste dans l’air
Qu’on soit dans un embouteillage, obligé de respirer les gaz d’échappement de centaines de véhicules, qu’on observe la fumée noire crachée par des cheminées d’usines ou que l’horizon disparaisse caché par le smog d’une chaude journée d’été, la pollution de l’air nous saute aux yeux… et aux poumons. Mais elle peut être beaucoup plus insidieuse.
La pollution de l’air ne connaît pas de frontières. Elle voyage allègrement au-delà des pays, des continents et des mers. Les polluants comme les particules fines peuvent voyager sur des milliers de kilomètres1. Ainsi, jusqu’à 50 % du mercure issu de l’activité humaine qui se dépose chaque année en Amérique du Nord proviendrait des autres continents, en particulier des centrales au charbon de la Chine et de l’Inde2. Le dépôt provenant de la voie des airs est maintenant la principale source de mercure dans les lacs, le sol et la végétation du Canada3.
Bien sûr, la pollution peut nous atteindre par l’air qu’on respire, mais aussi par le contact sur notre peau. L’air pollué peut contaminer tout ce avec quoi il entre en contact : les fruits et les légumes aussi bien que l’eau et les sols et, indirectement, les produits alimentaires (plantes, animaux, poissons) qui s’en seront nourris.
Enfin, il faut savoir que des polluants présents dans l’air en infimes quantités peuvent se concentrer à mesure qu’ils montent dans la chaîne alimentaire. Par exemple, s’il y a du mercure dans l’air, il peut se déposer sur l’eau et être absorbé par de petits poissons. À mesure que de plus gros poissons mangent les plus petits, la concentration du mercure augmente puisque ce polluant, dit persistant, s’accumule dans les organismes vivants. Finalement, lorsque l’on mange un poisson contaminé au mercure, il se peut que nous soyons en réalité victimes de la pollution de l’air!
ABC des polluants de l’air
Les polluants atmosphériques néfastes pour la santé se présentent sous forme de gaz et de particules respirables.
Quatre gaz sont les principaux responsables de la pollution4,5 :
- l’ozone (O3)
- le dioxyde d’azote (NO2)
- le dioxyde de soufre (SO2)
- le monoxyde de carbone (CO)
À eux s’ajoutent d’autres polluants chimiques comme les métaux lourds et les composés organiques volatils (COV) qui comprennent des produits nocifs tels le benzène et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Les particules respirables (aussi appelées particules fines ou ultrafines) désignent un mélange hétérogène de particules solides et liquides en suspension dans l’air. Elles sont classées en deux catégories selon leur grosseur plutôt que leur composition. Plus elles sont petites, plus elles peuvent être toxiques parce qu’elles pénètrent alors plus profondément dans le système respiratoire et peuvent même atteindre le système cardiovasculaire. On les nomme communément PM, l’abréviation du terme anglais particulate matter.
- PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 micromètres). À noter qu’un cheveu humain a de 50 à 150 micromètres de diamètre.
- PM2,5 (moins de 2,5 micromètres) les plus toxiques.
D’après les experts, il est relativement difficile de savoir quel polluant en particulier peut être responsable d’un problème spécifique de santé6. En effet, la plupart du temps, les polluants, peu importe leur provenance, se présentent sous la forme d’un cocktail composé de nombreux éléments qui agiraient en synergie. Ainsi, les études épidémiologiques portent souvent sur les différents effets néfastes d’une pollution « combinée ». On estime généralement l’intensité de cette pollution en évaluant la concentration d’un ou deux des polluants principaux, qui servent alors de marqueurs, plutôt que de mesurer systématiquement chacun des éléments.
Les polluants : où sont-ils?
Ozone de surface ou couche d’ozone? L’ozone de surface est un polluant toxique. Il ne doit pas être confondu avec la fameuse couche d’ozone qui nous protège des rayons du soleil. L’ozone au sol se forme lorsque les oxydes d’azote et les composés organiques volatils, qui proviennent des véhicules et des industries, se transforment sous l’action des rayons solaires et de la chaleur. L’ozone, avec les particules respirables, est l’une des principales composantes du smog qui ont un effet nocif sur la santé. |
La grande majorité des polluants, gaz ou particules proviennent de l’utilisation des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) qui, à eux seuls, comblent environ 80 % des besoins énergétiques mondiaux. Ces combustibles sont surtout utilisés pour le transport, l’industrie, le chauffage et dans les centrales thermiques de production d’électricité. Ils se concentrent, en majorité, en milieu urbain7,8. Il faut aussi noter que dans plusieurs grandes villes, le chauffage au bois est une source très importante de pollution atmosphérique19.
La provenance et la concentration des polluants varient d’un endroit à l’autre en fonction de la densité de la population, du type d’industries, des normes environnementales en vigueur, etc. Dans un même quartier et selon l’heure ou la saison, on peut aussi observer des différences importantes. Ainsi, les taux de pollution sont souvent plus élevés aux abords des grandes artères routières ou des industries, et les taux élevés d’ozone s’observent presque seulement en été. Il faut aussi se rappeler que l’ozone peut se retrouver jusqu’à 800 km plus loin que son point d’origine9.
En Occident, de toutes les sources de pollution de l’air, le transport (auto, camion, poids lourds, avion, etc.) demeure le grand champion. Dans une ville comme Montréal, par exemple, on estime qu’il est responsable d’environ 75 % de la pollution atmosphérique10, dont 85 % des émissions d’oxydes d’azote et 43 % des composés organiques volatils (COV)11.
Avion égale pollution?
Même si leur efficacité énergétique s’est beaucoup améliorée depuis quelques années, les avions contribuent plus à la pollution atmosphérique que les autres moyens de transport12-14. D’une part, ils consomment plus de carburant par kilomètres et par personne que les autres modes de transport. D’autre part, le fait qu’ils rejettent leurs gaz nocifs directement dans la haute atmosphère, rend leur action encore plus dommageable. Et puisqu’ils consomment beaucoup de carburant au décollage et à l’atterrissage, les voyages courts sont, toutes proportions gardées, les plus polluants. Conclusion : sur de plus petits trajets, il est plus écologique de prendre le train ou même l’automobile. Pour les voyages transocéaniques, on peut toujours compenser cette émission de polluants atmosphériques en se procurant des « crédits de carbone » auprès d’organisations qui investissent dans des projets « verts ».
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Pollution et gaz à effet de serre : deux choses
Les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) constituent la principale source de polluants atmosphériques. Ils sont aussi les plus importants générateurs de gaz à effet de serre – principalement le gaz carbonique (CO2) – qui contribuent au réchauffement climatique.
Et le smog?
Le smog est une brume jaunâtre, provenant d’un mélange de polluants atmosphériques (particules fines et ozone) qui limite la visibilité dans l’atmosphère, d’après la définition qu’en donne le ministère québécois du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs17. En janvier et février 2005, Montréal a connu le plus long épisode de smog de son histoire : neuf jours consécutifs18. |
Les gaz à effet de serre ne sont toutefois pas à proprement parler des polluants. Le gaz carbonique n’est d’ailleurs aucunement toxique en soi. Il est même essentiel à la croissance des plantes, qui le captent et utilisent son carbone pour constituer leur structure (le carbone représente environ 40 % de la matière sèche des végétaux15).
Cependant, en brûlant de grandes quantités de combustibles fossiles, on libère beaucoup de gaz carbonique – emprisonné dans le sous-sol depuis des milliers d’années -, et les végétaux ne parviennent plus à le fixer. Le gaz carbonique se retrouve alors en concentration excessive dans l’air. Il peut être considéré comme une forme de pollution, parce qu’il contribue à l’effet de serre qui provoque le réchauffement de la planète.
Il faut noter que le réchauffement planétaire tend à accentuer les effets néfastes sur la santé de la « vraie » pollution atmosphérique16. C’est ce réchauffement planétaire que tente de contrer le Protocole de Kyoto.
RéférencesNote : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu’un lien devienne introuvable. Bibliographie About Air Toxics, Environmental Protection Agency (EPA). [Consulté le 23 mai 2006.] www.epa.gov Images: © Réseau de surveillance de la qualité de l’air, Ville de Montréal. Notes 1. L’assainissement de notre air, Environnement Canada, 2002. [Consulté le 13 juin 2006.] www.ns.ec.gc.ca/udo/air_f.html |